L'entreprise a analysé toutes les données de ses propres portefeuilles de régimes de retraite collectifs (environ 15 % du marché) pour détailler les tendances du risque d'absentéisme. Même s'il n'est pas aussi important qu'au début de la pandémie, on ne peut pas s'attendre à ce qu'il revienne à la normalité d'avant Covid.
Une flambée des risques de fermetures préoccupait déjà les assureurs auxiliaires avant la pandémie de Covid-19. Mais la dégradation ne devrait pas ralentir car, comme le souligne la quatrième édition du « Datascope » d'Axa France, les signaux ne sont pas rassurants.
Diane Milleron-Deperrois, directrice générale d'Axa Santé et Collectifs, a conclu : « Depuis le Covid, on assiste à une augmentation soutenue du taux d'absentéisme déjà record. » Les constats faits , qui représentent environ 15 % du marché, contiennent plus de 400 millions de données disponibles.
Axa France calcule ainsi un taux d'absence de 4,5% en 2022, contre 3,9% en 2021 et 2020 et 3,2% en 2019. En termes de coûts salariaux, l'impact est comparable (de 3,4 % à 4,4 % de 2019 à 2022, correspondant au nombre de jours d'absence x salaire total des absents du travail pour l'année). « 2022 sera une année record, notamment en termes de proportion de salariés qui s'absentent du travail au moins une fois par an : 30 % avant la pandémie, et 44 % en 2022 », prévient Yves Hérault, directeur data chez Axa Santé et Collectifs.
Pas de retour à la normale prévu en 2023
Les variantes d'Omicron persistent depuis un an et expliquent la flambée des absences de courte durée au premier trimestre, mais Yves Hérault a prévenu que "les absences même supérieures à 30 jours s'allongent". C'est pourquoi entre 2019 et 2022, si le temps d'arrêt moyen passe de 20 jours à 18 jours, en revanche, il passe de 101 jours à 107 jours (plus de 30 jours), de 139 jours à 150 jours (plus de 60 jours ) et 161 à 179 jours (plus de 90 jours).
Enfin, sur la base de ses données et de ses outils d'intelligence artificielle, Axa France estime déjà un taux d'absentéisme compris entre 3,75% et 4,4% à fin 2023, avec une proportion de salariés absents au moins une fois par an comprise entre 35% et 42%, qui est un indicateur bas. Structurellement, et pas seulement cycliquement, la détérioration persiste.
Les troubles mentaux, désormais la principale raison
Au-delà des chiffres, l'augmentation de l'absentéisme se manifeste également de manière plus explicite. D'abord, comme le souligne Diane Milleron-Deperrois, "le Risque Psychosocial (RPS) est désormais la première cause d'absence chronique", suivi des Troubles Musculo-Squelettiques (TMS), qui se heurtaient à des barrières psychologiques avant la pandémie. Cette dérive explique aussi en partie pourquoi l'absentéisme augmentait aussi avec l'âge : les plus jeunes étaient touchés de manière disproportionnée, avec un âge moyen de 42,6 ans pour les arrêts maladie RPS et de 45,8 ans pour les TMS, soit plus d'un écart de trois ans.
« Si la santé mentale est souvent citée comme un facteur important de cet absentéisme, au même titre que les troubles musculo-squelettiques, alors il ne faut pas chercher trop vite le 'coupable' idéal et surtout ne pas s'en contenter ! C'est trop simple », Alexandre Maisonneuve Le Brec, directeur innovation et médical d'Axa Santé et Collectifs, met en lumière dans ce "Datascope". Afin de sensibiliser les entreprises à ce problème, certes pas nouveau mais donc de plus en plus grave, les assureurs complémentaires ont récemment lancé divers outils et services de sensibilisation et de prévention. "Les entreprises ont besoin et exigent des équipements très précis", précise Diane Milleron-Deperrois.
Des outils, mais aussi des réflexions à avoir
L'un des principaux sujets souvent mis en avant autour de cette augmentation de l'absentéisme concerne le personnel soignant. "Très peu de salariés aujourd'hui se revendiquent paramédicaux", regrette Diane Milleron-Deperrois. Du côté d'Axa France, divers équipements particuliers sont ainsi prévus (financement, aide psychologique via l'outil Angel, etc.) ainsi qu'une indemnité journalière supplémentaire – "un dispositif qui peut approcher la dépendance", ajoute Yves Hérault.
La mise en place de bilans de santé revient également fréquemment dans le cadre des solutions possibles, et Axa France ne fait pas exception. Cependant, Diane Milleron-Deperrois revient d'abord sur un autre enjeu de société cette fois : "C'est important de prendre soin de sa communauté", résume-t-elle. À ce titre, l'entreprise fait appel, voire au-delà, à tous les outils qu'elle peut donner aux entreprises pour interroger ces dernières sur la relation de leurs salariés avec l'entreprise — et plus généralement la relation de travail. Ainsi, le thème de la marque employeur pourrait revenir en force.