EXCLUSIF - Selon nos informations, deux compagnies d'assurance qui se sont associées à Indexia (ex-Sfam) dans le secteur de la téléphonie mobile entendent rompre leur partenariat. La décision aurait dû être encouragée par les problèmes juridiques et les pratiques commerciales du groupe dirigé par l'homme d'affaires Sadri Fegaier, qui ont été condamnés. De sombres nuages ​​planent sur le ciel d'Indexia. L'ex-Sfam traverse une nouvelle zone de turbulences sous l'emprise de deux affaires en cours.

L'Argus a appris de sources concordantes que ses deux assureurs historiques en France - la mutuelle Covéa (via MMA) et Axeria IARD - mettaient fin à leur relation commerciale avec Indexia. La décision radicale aurait dû être prise compte tenu des pratiques commerciales décriées du groupe dirigé par l'homme d'affaires Sadri Fegaier.

Les deux assureurs accompagnent les différents programmes d'assurances affinitaires de la Sfam depuis plus d'une décennie. Ce dernier, comme le révèle L'Argus, couvre notamment le contrat d'assurance téléphonie mobile conclu dans le cadre de la coopération entre la Sfam et la Fnac jusqu'à sa résiliation définitive en France en 2019.

Selon nos informations, la coopération entre Covéa et Indexia Group prendra fin en début d'année. Mais son directeur général, Sadri Fegaier, aurait pu parvenir à obtenir "un délai supplémentaire" jusqu'au 31 décembre 2023, pour laisser à Indexia le temps de trouver de nouveaux assureurs pour continuer à vendre ses produits d'assurance. Or, au sein d'Axeria IARD, la décision est déjà effective. La société, qui a été reprise par Watford en 2021, ne souscrit plus de nouvelles affaires avec Indexia en France et dans d'autres pays européens.

L'Argus a contacté Indexia Group, qui n'a pas confirmé l'information mais a préféré évoquer les "renégociations classiques en cours au niveau commercial" avec "ses assureurs historiques" et avec "d'autres partenaires assureurs" Discussion parallèle. Covéa, également contactée, s'est refusée à commenter l'information.

Renoncer à l'assurance ?

Les conséquences financières d'Indexia pourraient être graves. Disqualifié de compagnie d'assurance au 1er janvier 2024, le courtier ne pourra plus commercialiser ses produits d'assurance dans son magasin. "Sans le contrat d'assurance responsabilité civile professionnelle, le groupe Indexia ne pourrait plus être immatriculé à l'Orias." Il s'agit d'arrêter ses activités d'intermédiaire d'assurances et d'empêcher les compagnies d'assurances de leur verser les commissions correspondantes. Les contrats annulés seront repris par la compagnie d'assurance ou transférés à un autre courtier », souligne Henri Debruyne, Président de Monitor Europe Insurance Distribution (Medi).

Une telle situation mettrait brutalement à l'arrêt l'un des principaux moteurs d'Indexia, sur lequel le groupe s'appuie pour bâtir son succès commercial et sa rentabilité. Sur son site internet, la Sfam revendique toujours "8 millions de clients européens (France, Suisse, Belgique, Espagne, Portugal et Italie)" et "200.000 nouveaux clients par mois". L'an dernier, le groupe a réalisé un chiffre d'affaires de 1,26 milliard d'euros, "en hausse de 134,04% entre 2018 et 2021", l'assurance ne représentant que 20% de l'activité (environ 250 millions). Un chiffre circulé dans les médias mais jamais confirmé par le principal concerné.

Depuis la fin du partenariat avec Fnac-Darty, Indexia reste le deuxième actionnaire avec 11,3% du capital et le groupe continue de diversifier ses activités pour réduire son exposition à l'assurance. En 2020, il lance Hubside.Store, un réseau de franchise spécialisé dans les téléphones et multimédia neufs et reconditionnés. Il prévoit d'exporter le modèle aux États-Unis, au Canada et à Dubaï cette année.

Un empire entouré d'autorités judiciaires et de contrôle

Le succès vertigineux du groupe, capitalisé sur le fonds d'investissement Ardian, repose sur ce que les autorités et la justice considèrent désormais comme une pratique commerciale.

En 2019, la DGCCRF l'avait condamné à 10 millions d'euros d'amende pour pratiques commerciales trompeuses. Les enquêteurs de la prévention des fraudes ont reçu des centaines de plaintes de clients lésés de la Fnac. Le vendeur leur a proposé un remboursement de 30 € pour leur équipement électronique. Sans le savoir, ils ont souscrit une assurance auprès de la Sfam, qui coûte 16 euros par mois, mais résilier l'assurance est très difficile.

Le courtier est également supervisé par l'ACPR et deux affaires judiciaires. Dans l'une des poursuites civiles engagées par l'avocate Emma Léoty au nom de dizaines de consommateurs lésés, un tribunal de Paris a condamné Indexia à payer 1 000 euros d'honoraires et frais de communication en juillet 2022, ainsi qu'une amende de 100 euros par jour, pour obtenir des copies de ses contrats. L'organisation a fait appel de la décision. Une audience aura lieu fin mars.

Un autre crime, plus grave. Sadri Fegaier et sept filiales du groupe (Sfam, Hubside, Cyrana, Serena, etc.) devront répondre à de graves allégations de pratiques commerciales trompeuses et d'entrave au contrôle. Le DOJ allègue avoir "faussement cru que les consommateurs qui souhaitaient arrêter les prélèvements, résilier leurs abonnements et se faire rembourser les sommes prélevées après la résiliation du contrat avaient été considérés et même valables". Dans un reportage d'Envoyé Spécial diffusé sur France 2 fin janvier, un retraité se plaignait de s'être fait déduire plus de 13 000 euros sur 7 ans et n'avait pas pu arrêter le prélèvement.

Les plaintes de clients mécontents se sont également accumulées au bureau du médiateur des assurances. Indexia représentait 2,7 % des références traitées par les services de médiation en assurance perte l'année dernière. C'est un chiffre disproportionné compte tenu du poids et de la part de marché de l'ex-Sfam en France.