Dans une allocution du 17 avril, Emmanuel Macron entendait tourner la page des retraites, évoquant les réformes : " En six ans, 11 millions de Français et de Françaises ont pu bénéficier de leurs lunettes, prothèses auditives ou dentiers". Assez surprenant, donc Jusqu'ici le président de la République n'a guère "vendu" ce 100% santé, notamment lors de sa campagne de 2022.

 Coïncidence ou non, il y avait une réunion du comité de surveillance de la réforme le lendemain, au cours de laquelle le ministre de la santé a annoncé la prolongation du RAC 0 pour les perruques et les fauteuils roulants jusqu'au 1er janvier 2024. François Braun mentionnera également que le reste du coût sera pour le traitement orthodontique, mais le site sera inclus dans le débat public au congrès des chirurgiens dentistes.

 Le conditionnel s'impose car l'avenue de Ségur n'a fait aucune déclaration. Les avis complémentaires sont assez mesurés. En effet, l'apparent échec du ministre à aborder l'éventuelle prolongation de la réforme de l'optique était "une mauvaise idée", estimait il y a quelques jours l'Association des plateformes de santé (APFS). Mais la fédération rappelle tout de même que jusqu'à présent l'Ocam a payé l'essentiel des factures du 100% Santé - de nombreuses mutuelles ont encore des traces de leurs comptes 2022 - et il vaudrait mieux dresser des bilans et évaluer le coût du changement envisagé avant d'annoncer, quoi que ce soit!

 Mais certains sont plus pointilleux, craignant que la deuxième phase de la réforme ne conduise au retour de Daquan ! Peut-être pas dans le scénario Hcaam à l'automne 2021, qui réduit les assurances complémentaires au minimum, mais l'extension du 100 % santé, qui s'accompagnera de la généralisation du tiers payant à la mode nationale. Ces deux projets ont d'ailleurs été évoqués dans le discours de François Braun en janvier. Bref, le pire des scénarios est qu'Ocam paiera le prix fort de la furtivité ! Cela n'a pas échappé aux Sanctions des Militants de l'Accès aux Soins (3AS), qui ont ressenti le besoin de prendre la parole fin mars pour défendre le bien-fondé des modèles de tiers payant développés par les opérateurs privés.