La féminisation des instances dirigeantes reste un véritable enjeu pour la filière, comme en témoigne la récente publication des premiers indicateurs dans le cadre de la loi Rixain. Pourtant, les dirigeants interrogés par L'Argus estiment que demain ira mieux.

" Quand on légifère, on trouve des femmes. Quand on ne légifère pas, on trouve des excuses. " Cette citation de l'ancienne ministre de l'Economie Christine Lagarde est souvent exprimée Des quotas de féminité sont évoqués.

 "Les fédérations comme Financi'Elles sont généralement un peu réticentes sur les quotas", a souligné la coprésidente Martine Reniers. Mais notre marraine, Christine Lagarde elle-même, a changé d'avis sur le sujet : ce sont les outils qui vous donnent le plus de résultats en un minimum de temps.  »

Aller plus loin

 C'est l'objectif de la loi Rixain 2021, qui succède à la loi Copé-Zimmermann de 2011, qui "a aujourd'hui atteint ses limites", notamment "au sein des instances dirigeantes des petites capitalisations, des sociétés non cotées, notamment des PME".  "La loi Copé-Zimmermann a eu un impact indéniable, mais la féminisation des conseils d'administration n'est pas une fin en soi", a ajouté Martine Renniers. Malheureusement, cette loi n'a pas encore diffusé une culture de l'égalité à tous les niveaux de l'entreprise. On aurait pu espérer un second tour des élections pour les autres instances dirigeantes, mais force est de constater que ce n'est pas le cas : la Loi Rixain doit aider dans ce sens !  »

 Aujourd'hui, seules les entreprises d'au moins 1 000 salariés sont tenues de communiquer le pourcentage de femmes dans leurs organes de direction. Jusqu'à présent, les résultats ont été mitigés. Sur les 50 entreprises qui pouvaient entrer dans le secteur de l'assurance, seules six respectaient l'exigence minimale d'avoir au moins 30 % de femmes d'ici 2026.

 Le chemin vers une véritable égalité est encore long. Cependant, la nomination de plusieurs directeurs généraux ces dernières années a exprimé la volonté de certaines entreprises de mobiliser leurs lignes de production.  « L'industrie a des modèles tels que Catherine Touvrey (Harmonie Mutuelle), Delphine Maisonneuve (groupe Vyv), Marie Soyer-Content (Alptis) ou encore Martine Carlu (Intériale) qui ont démontré une capacité de transformation dans des environnements complexes, souligne la Parité Assurance, Isabelle Hébert, également membre du Directoire du Groupe AG2R La Mondiale, en charge du marketing, de la distribution et de la relation client Tous ces exemples se retrouvent dans des entreprises qui ont toujours défendu l'égalité : pour développer l'égalité il faut des intentions de gouvernance ! »

Programme d'encadrement

 En plus des quotas, les associations promouvant le sujet développent depuis des années des programmes de mentorat pour préparer les leaders de demain.  Financi'Elles a lancé dix engagements en faveur de l'égalité professionnelle pour ses 16 entreprises adhérentes, comprenant par exemple des actions pour développer des parcours professionnels inclusifs ou lutter contre le sexisme et les biais décisionnels.  Anne Charon, présidente d'ISC France et directrice générale d'Everest France, se veut optimiste.  "J'ai confiance en la nouvelle génération, qu'elle agira différemment, mais je crois aussi que notre industrie elle-même est en pleine mutation, et que l'assurance ne sera pas ce qu'elle est aujourd'hui dans 10 ans", souhaite-t-elle croire.