Le nouveau dossier de santé numérique français, My Health Space, a partagé avec succès les dossiers médicaux (DMP) il y a un an. Le ministère de la Santé a réalisé un premier bilan de l'outil et a détaillé ses objectifs à l'Argus de l'assurance.

 "Mon espace santé au 21e siècle, c'est comme Vitale figé au 20e siècle. La comparaison a été initiée par le site Mon espace santé du ministère de la Santé, qui a succédé au Dossier Médical Partagé (DMP) le 3 février 2022. Ce dernier n'a séduit que 9 millions de Français depuis 2011. Et les nouveau-nés ? « On ne peut pas dire que Grip soit un échec, ni une vague. Son utilisation s'effectue sur une longue période de temps, et c'est la santé. Petit à petit, les utilisateurs font confiance aux outils numériques et voient leurs bénéfices », explique Alix Pradère, directrice générale santé d'Accenture. Florence Navattoni, coordinatrice adjointe chez Santé Info Droits, estime que « quand le public et Mon espace santé réussissent quand les professionnels de santé comprennent le intérêt à l'utiliser régulièrement.  "

"200 000 activations au cours des trois derniers mois"

 Pourtant, le ministère de la Santé peut déjà se réjouir : un peu plus d'un an après son lancement, 8,4 millions d'utilisateurs (sur 65,7 millions de titulaires de compte Mon Espace Santé), soit un peu plus de 12% de la population française, ont activé ce coffre-fort numérique pour stocker leurs documents de santé. En un mois, c'est presque autant que la DMP a réussi à récolter au cours de toutes ses années d'existence. Sans compter que "ce nombre n'a cessé d'augmenter avec une moyenne de 200.000 activations sur les trois derniers mois", insiste le cabinet du ministre de la Santé François Braun auprès de l'Argus de l'assurance. Son objectif?  : "De 121 millions de documents médicaux actuellement échangés à 250 millions d'ici fin 2023". Car pas seulement le nombre d'utilisateurs, le ministère de la Santé se réjouit particulièrement aujourd'hui de la forte croissance du nombre de documents médicaux stockés dans ce système numérique espace.

Créé automatiquement

 Mais en quoi l'espace de bien-être numérique et sa dernière incarnation sont-ils différents ? Contrairement à un DMP, un Espace Bien-être est automatiquement créé pour chaque assuré sauf opposition écrite. Il fournit automatiquement la documentation grâce au logiciel médical utilisé par les ambulanciers.  "Ces espaces ne seront pas vides tant qu'ils ne seront pas activés", explique l'Assurance maladie. Concrètement, ce sont principalement les personnels soignants et les laboratoires d'analyses médicales qui ont jusqu'à présent transmis la majorité des documents dans cet espace numérique, avec respectivement 34% et 35% intégrés dans ce nouvel espace numérique en France. Pour le ministère de la Santé, l'enjeu est désormais de convaincre les médecins privés d'offrir un espace à leurs patients.  "Les professionnels utilisent de plus en plus les messageries sécurisées, mais ce changement d'usage ne se fera pas du jour au lendemain", précise encore l'Assurance maladie.

 Selon Florence Navattoni, désormais "le vrai défi est de faire en sorte que les utilisateurs comprennent cet espace et leurs droits qui y sont liés, qu'ils puissent utiliser l'outil comme ils le souhaitent, pour ne pas répéter le succès moins que prévu avec DMP". Son association vient de publier trois fiches d'information à destination du public sur le sujet.

 Pour apaiser les inquiétudes concernant la gestion numérique des données de santé, les utilisateurs peuvent désormais choisir de partager ou de masquer leurs documents, et ils seront avertis lorsqu'un professionnel ou une institution accède à leurs documents pour la première fois. Cette possibilité fait suite aux mises en garde de La Quadrature du net, association de défense des droits et libertés numériques, qui a appelé les Français à refuser de créer un compte. 

Information

 My Healthy Space est également au cœur de la nouvelle feuille de route sanitaire du ministère de la Santé qui sera publiée à la mi-mai. En attendant que toutes ses copies soient rendues publiques, cette dernière a révélé à Argus vouloir "simplifier la gestion de la messagerie, apporter une gestion plus claire des paramètres de "confidentialité" et "déléguer les appareils aux assistants". À noter : Au 7 mars, 20 services sont référencés dans l'annuaire, dont Améli Comptes Assurance Maladie et Doctolib. Les deux dernières nouveautés ? D'abord, le portail patient dit « Arnault Tzanck », créé par l'établissement privé du même nom. L'application vise à simplifier la démarche des patients en mettant à leur disposition différents services numériques (pré-admission en ligne, suivi pertinent, partage de documents de gestion médicale). Ensuite, intégré à l'application du service d'information sur le tabac, il vise à accompagner les usagers dans l'arrêt du tabac et à proposer des outils de conseil aux professionnels. À noter que les utilisateurs peuvent désormais stocker des données générées par des services privés de télésurveillance ou des objets médicaux connectés (poids enregistré par des balances connectées, taux de glycémie, etc.).

 Le ministère entend également en faire un outil central de sa politique de prévention (envoi de rappels de vaccination) et souhaite "intensifier les campagnes au plus près du terrain". Pour y parvenir, les autorités s'appuieront sur les réseaux d'assurance maladie, les agences régionales de santé (ARS), les groupements régionaux d'appui au développement de la eSanté (GRADeS), et les associations de patients et co-participants, dont le groupe Vyv en 2022 avec l'Assurance maladie nationale. Fund et Une délégation ministérielle de la santé numérique ont signé le partenariat. Dans un communiqué, les trois protagonistes ont indiqué que l'accord de partenariat soutiendra le développement et l'utilisation de Mon espace santé, qui touche plus de 10 millions de personnes protégées et les 33 000 professionnels de santé du groupe Vyv.