Alors que le système de santé français traverse une crise profonde, ce sera un défi majeur pour la nouvelle ministre de la Santé Geneviève Darrieussecq. Elle est une ancienne secrétaire d'État aux Anciens Combattants qui a récemment été nommée à la tête d'un ministère qui semble connaître des difficultés financières croissantes. Les prévisions du gouvernement se sont révélées pessimistes et, selon le Livre Gris, ils font état d'inquiétudes persistantes quant à l'avenir, menaçant de mettre la pression sur les services de santé.

Un système hospitalier en grande difficulté

Les dépenses de santé continuent d’augmenter face à la croissance démographique et aux progrès technologiques. Le ministère de la Santé s’attend à ce que les coûts augmentent de 4,4 pour cent d’ici 2025, aggravant ainsi la pénurie de personnel et l’encombrement des services d’urgence.

Les hôpitaux ont été pénalisés et les dettes accumulées. Malgré certaines interventions gouvernementales, la dette a été générée par des emprunts à des taux d'intérêt parfois supérieurs à 20 %.

Enfin, même si l'État assume une partie de la dette, l'hôpital supporte toujours des intérêts d'environ 1 milliard d'euros par an, ce qui exerce une pression sur le fonctionnement de l'hôpital et limite les possibilités d'investissement. Cette situation est déjà grave, entraînant une baisse des embauches et affectant directement le principal poste de dépense des entreprises : les salaires, et la situation devient de plus en plus grave dans un contexte de pénurie de personnel.

Une autre dimension de cette instabilité hospitalière concerne le recrutement de médecins et d'infirmières, notamment dans les salles d'urgence et les zones de désertification médicale. À l'heure de la retraite, la Fédération hospitalière française souligne que "les jeunes médecins ne veulent plus rester dans le secteur public". En fait, les déserts sanitaires sont au cœur de cette crise, créant des disparités dans l’accès aux soins pour les personnes directement touchées et augmentant encore le sentiment d’abandon de ces populations.

En revanche, le gouvernement a envisagé certaines mesures visant à déléguer certaines tâches aux professionnels de santé (infirmières, sages-femmes et pharmaciens), mais celles-ci sont encore au stade de proposition. Le décret mettant en œuvre ces réformes doit être finalisé par Geneviève Darrieussecq pour améliorer l'accès aux soins et alléger la charge des soignants.

Cette révolution a un impact direct sur la sécurité sociale, dont les déficits se creusent à chaque instant, mettant en danger la structure du système de santé. Si le secteur de la santé atteint 11,4 milliards d’euros d’ici 2024, le gouvernement se retrouvera en réelle difficulté.

Si les dépenses ne sont pas ajustées rapidement, la dette publique pourrait atteindre des niveaux critiques. Le projet de loi de finances 2025 reste en vigueur, mais les contraintes budgétaires semblent inévitables. Un autre point de vue rappelle que le ministère de l'Économie a averti qu'il devra réduire les dépenses dans d'autres secteurs pour maintenir le flux de fonds nécessaires à la santé.

Par ailleurs, dans le contexte actuel, les dépenses médicales affectent non seulement la sécurité sociale mais aussi les familles. Les cotisations complémentaires de santé augmentent de 8,1 % en 2024. La nouvelle charge sur le budget des ménages français est une conséquence directe de cette augmentation et a un impact négatif sur la population, notamment les groupes les plus vulnérables, et exacerbe les écarts d'accès aux soins.

Il est peu probable que cela se produise puisque le ministère de la Santé devra procéder à des coupes budgétaires significatives de 44 % d’ici 2025. De nombreux hôpitaux étant dans un état de délabrement, ce montant a été réduit à 1,6 milliard d'euros. La qualité des soins a besoin d’un lifting urgent...

Cela a également accru le sentiment de trahison parmi les prestataires de soins de santé lorsque le financement promis pour soutenir le Ségur de la santé - un montant annoncé de 6 milliards d'euros pour moderniser les hôpitaux et les maisons de retraite - ne s'est jamais concrétisé.

Enfin, les transferts de redevances du ministère de la Santé vers le ministère de la Sécurité sociale continuent de creuser le déficit de ce dernier, notamment en ce qui concerne le financement de certains organismes et la rémunération des étudiants hospitalisés. Ce mécanisme comble le fameux « vide juridique de la sécurité sociale », déclenchant ainsi des politiques d'austérité et une rationalisation accrue des dépenses budgétaires.

Alors que le système de santé est en danger, d'autres secteurs comme la défense ont bénéficié d'augmentations budgétaires, notamment de l'augmentation de 5% prévue dans la loi de programmation militaire.