Selon les données fournies par Airparif, la pollution de l'air provoque chaque année 7 900 décès prématurés en Ile-de-France. Ce chiffre choquant amène à s'interroger sur le coût réel de cette contamination pour le système de santé français. La question devient alors : comment pouvons-nous construire de nouvelles protections collectives pour faire face à ces vulnérabilités, expositions et susceptibilité croissante aux risques environnementaux ?
Observation choquante
La pollution de l'air en Ile-de-France est responsable de 7 900 décès prématurés chaque année, selon de nouvelles données de recherche publiées conjointement par Airparif et l'Observatoire régional de la santé d'Île-de-France. France (ORS) ce jeudi 23 novembre. Les chiffres mettent en lumière un constat choquant : une personne sur 10 dans la région est décédée en 2019 à cause de la pollution de l’air.
Outre son impact sur l'espérance de vie, cette pollution impose une charge économique considérable à la sécurité sociale en raison de l'augmentation des besoins en matière de soins de santé. Il est possible d'analyser en détail les coûts financiers du problème.
Ce constat est inquiétant : nos systèmes de protection sociale ne font pas preuve de la résilience nécessaire face aux risques environnementaux, et les pays n'ont pas encore développé les outils prospectifs nécessaires pour anticiper la fréquence et l'ampleur croissantes des événements climatiques et des crises imprévues.
3 milliards d'euros de dépenses annuelles de santé
Un rapport de 2015 de la Commission d'enquête sur les coûts économiques et financiers de la pollution atmosphérique a souligné pour la première fois l'ampleur de la facture que la crise environnementale fait peser sur les caisses de l'assurance maladie. Cette analyse reste à ce jour l’analyse la plus approfondie de l’impact économique de la pollution atmosphérique sur toutes les dépenses.
Les coûts sanitaires de cette pollution oscillent entre 68 et 97 milliards d’euros chaque année, une somme colossale qui mettait déjà en lumière la nécessité d’une action urgente il y a huit ans. Les coûts sanitaires directs de la pollution atmosphérique peuvent être facilement mesurés à travers les coûts de l’assurance maladie, couvrant l’hospitalisation, les soins infirmiers, les indemnités de congé de maladie et les pensions d’invalidité. Le rapport dénonce que la Sécurité sociale dépense "au moins trois milliards d'euros" par an pour les soins liés à la pollution.
Ces chiffres sont toutefois probablement inférieurs à la réalité, le rapport soulignant des sous-estimations dues à la sélection limitée de contaminants et de pathologies considérées et à l'exclusion de certaines dépenses de santé.
Développer une nouvelle stratégie ?
Malgré ces estimations, évaluer avec précision les coûts sanitaires de la pollution atmosphérique reste un défi complexe. Comme le souligne le rapport de la Mission d’enquête de sécurité éco-sociale publié en mars 2022, il est difficile de quantifier « le coût des souffrances humaines et des vies perdues » en euros.
Cependant, même si les données varient selon la méthodologie, un consensus se dessine sur la nécessité de passer à des modèles plus respectueux de l’environnement. Le rapport indique que « le coût de ne pas transformer est bien plus élevé que le coût de transformer ». Il est recommandé de réorienter certaines dépenses vers les services publics dédiés à la protection de la santé et de l'environnement, une stratégie qui, selon le rapport, pourrait avoir un double effet : améliorer la qualité de vie et réaliser des économies substantielles.
Le rapport conclut que les bénéfices nets annuels pour la France sont estimés à plus de 11 milliards d'euros si l'on prend en compte les coûts des mesures de lutte contre la pollution atmosphérique. Cette approche contribue à relever les défis financiers de la sécurité sociale de manière durable.