Le secrétaire d'État à l'Économie sociale et solidaire et à la Vie associative du Premier ministre a confié la mission des mutuelles à l'ancien directeur général de la Mutualité française. Entretien croisé avec Marlène Schiappa et Jean-Martin Cohen-Solal sur le contenu et le calendrier de la mission.
Madame la ministre, pourquoi lancez-vous une mission de réciprocité ?
Marlène Schiappa : En tant que membre du gouvernement chargé de l'Economie Sociale et Solidaire (ESS), j'ai dans ma feuille de route des projets de promotion des acteurs de ce domaine. Pourtant, l'opinion publique n'est pas toujours consciente que la Mutuelle, qui emploie plus de 170 000 personnes et mobilise des dizaines de milliers d'élus, fait partie de l'ESS. Le modèle de la symbiose joue un rôle important dans la résolution des défis sociaux, l'innovation sociale et la prévention à travers ses valeurs de liberté, de responsabilité, de solidarité et de non-profit, ainsi que de gouvernance démocratique. Cependant, le modèle a rencontré des obstacles qu'il a fallu identifier. Jusqu'à présent, personne n'a fait cela.
Pourquoi avoir confié cette mission à Jean-Martin Cohen Solar ?
Le Dr Cohen Solal a une connaissance très pointue du secteur de l'entraide. Son parcours, notamment sa fonction de directeur général de la Mutuelle, ainsi que son engagement personnel ont été reconnus par tous les acteurs mutualistes que j'ai consultés, dont Eric Chenou, président de Mutuelle Spéciale (Eric Chenut). Pour accomplir cette mission, il est impératif de choisir quelqu'un qui a foi dans le monde du mutualisme et en comprend parfaitement les enjeux.
Quand ce rapport doit-il vous être fourni ? Quelles sont vos attentes concernant le rapport ?
La mission de Mme Jean-Martin Cohen-Solal devait s'entretenir avec les principaux administrateurs mutualistes, responsables d'exploitation et élus, mais aussi avec les régulateurs et surveillants mutualistes pour permettre cette cartographie inédite des obstacles..mais cette mission doit également recenser les organismes d'entraide. Notre société a besoin de plus de communauté, d'engagement et de démocratie. Le mutualisme en est la cause.
Jean-Martin Cohen-Solar, comment accomplissez-vous cette mission ?
Jean-Martin Cohen Solal : Je suis médecin de formation, et le premier métier d'un médecin est d'écouter. Par conséquent, mon objectif est de faire parler tous les participants réciproques utiles à ce diagnostic. Au cours de mes plus de 25 ans de responsabilité dans le monde symbiotique, j'entends sans cesse ces obstacles au développement de la part des dirigeants des mutuelles de santé et des compagnies d'assurance (les deux types d'organisations sont impliqués).
Cette mission ne reflète-t-elle pas des inquiétudes sur l'avenir de l'entraide ?
Les Mutuelles J-M C.H. se distinguent des autres compagnies d'assurances : en plus de leur activité, elles ont un engagement social, mais du fait de leur statut hybride, elles sont parfois oubliées, alors qu'il existe effectivement un fort intérêt pour les questions de RSE de nos jours. La concentration dans le domaine de la symbiose a été forte, et elle est consciente de ses nécessaires adaptations.
Les acteurs M.S. d'intérêt mutuel ont initié cette réflexion. Ils travaillent pour attirer de nouveaux talents, et beaucoup de jeunes sont en quête de sens. La société a besoin de plus d'engagement, de démocratie et de solidarité, les valeurs promues par le monde de la réciprocité.
À quelles mesures ce rapport pourrait-il conduire ? Des mesures législatives sont-elles possibles ?
M.S. Je ne préjugerai pas des conclusions du rapport Jean-Martin Cohen-Solar, mais nous ne nous interdirons rien, tant en termes d'éventuelles évolutions réglementaires que législatives. Nous examinerons les propositions du rapport 2024 dans le cadre de la SSE Harmon Law Decade. Vendredi 23 juin, lors du Haut Conseil de l'Economie Sociale et Solidaire, j'ai également reçu un rapport sur les suites de cette loi.
Marlène Schiappa, l'arrivée de cette mission contredit-elle votre récente décision d'éviter tout conflit d'intérêt ?
M.S. Je partage la vie de Matthias Savignac, Président de la MGEN et Vice-Président du Groupe Vyv. C'est pourquoi je demande que les documents relatifs à ces deux organisations conjointes ne soient plus traités. Mais en général, je n'ai aucune résistance au domaine du mutualisme, car Matthias Savignac a justement démissionné de son poste de vice-président de la Fédération nationale française de l'entraide pour que je puisse continuer à me passionner pour le mutualisme Le monde est en charge . Tout est transparent.