Fabien Roussel, Xavier Bertrand, François Ruffin... Des personnalités de gauche et de droite de la scène politique nationale se sont emparées de la direction d'Aésio Mutuelle pour dénoncer les conséquences de ses coupes prévues au Programme de garantie de l'emploi (PSE). La fermeture des institutions et des lieux administratifs inquiète également de nombreux élus locaux.
L'annonce par Aésio Mutuelle d'un projet de suppression de plus de 400 emplois et de fermeture d'une trentaine d'agences par le PSE a fait grand bruit et suscité une vive réaction dans les classes politiques nationales et locales. Selon nos informations, des élus ont adressé plusieurs courriers à la direction d'Aésio Mutuelle pour évoquer l'impact du PSE sur les structures locales, tant en termes d'emploi que de services rendus à la population. Ces réponses ont été associées à une forte mobilisation d'Aésio CGT, activant ainsi son réseau.
Rosell a interrogé la direction
Plus récemment, Fabien Roussel, secrétaire du Parti communiste français (PCF) et représentant du Nord, a interpellé le ministre de l'Economie et des Finances Bruno Le Maire dans une lettre du 19 juin. Dans l'article que nous nous sommes procuré, l'ancien candidat à l'élection présidentielle invitait le gouvernement à "prendre des engagements en faveur de la protection de l'emploi et du maintien du maillage territorial". "Aésio Mutuelle s'apprête à supprimer des centaines d'emplois et à redéployer ses antennes régionales dans une poignée de grandes villes, disparaissant d'un grand nombre de petites et moyennes villes", a-t-il déploré.
Un représentant du PCF interroge la direction de la mutuelle : « Il insiste sur le fait que la restructuration a été déclenchée par une dégradation de la trésorerie de la mutuelle. » Or cela est directement imputable au doublement des prises de contrôle (OFI Holding, OFI Actions, Abeille, OFI Invest) . […] une série de choix financiers risqués a entraîné une détérioration de sa situation financière. Cela n'empêche pas les directeurs généraux successifs d'Aésio Mutuelle de bénéficier de la substantielle augmentation de salaire.
"Totalement incompris" de Xavier Bertrand
Fabian Russell n'est pas le premier à s'indigner. Dans une lettre datée du 25 mai du président de la Haute-France (LR) et ancien ministre de la Santé Xavier Bertrand au directeur général de la Mutuelle Olivier Brenza, la ferme objection envisage la fermeture des locaux administratifs de Saint-Quentin. Dans la lettre, Julien Dive, vice-président de l'Etat de l'Aisne, Pascale Gruny, vice-présidente et sénatrice du Sénat de l'Etat de l'Aisne, et le maire de Saint-Quentin et de l'Agglo du Saint-Frédérique Macarez, présidente du Quentinois, qui a également signé la lettre, a déclaré que les élus avaient souligné leur "émotion" et leur "incompréhension totale" face au projet du PSE. Ils ont annoncé qu'ils allaient "prochainement rencontrer le personnel sur place" pour montrer "un soutien au personnel à travers le plan de redressement des dénonciations".
Néanmoins, ils se disent "prêts à discuter de pistes de réflexion pour maintenir un ancrage local mutuel, notamment pour accompagner la recherche de lieux plus adaptés pour réduire les frais administratifs, avec la possibilité d'un bâtiment accessible en bus, à proximité de l'accueil".
Massacre social de Ruffin
Environ un mois plus tard, une autre personnalité nationale, le député LFI-Nupes François Ruffin, a pris la plume pour interpeller Olivier Brenza. Selon un courrier publié par notre confrère de News Assurances Pro, il s'inquiète notamment du sort des salariés d'Amiens qui vont être réaffectés à Valenciennes, à 130 kilomètres. "L'impôt sur les gains en capital s'attend à ce que la plupart des transferts soient rejetés. Nous nous dirigeons vers un carnage social avec des centaines de licenciements", a écrit le député.
Entre-temps, dans une autre lettre adressée au directeur général de l'Entraide, le maire (PS) de Bourg-en-Bresse, Jean-François Debat, a également fait part de sa "surprise" d'entendre parler du projet. Le lieu administratif est situé dans sa ville. L'édile s'est dit prêt à « s'engager dans la perspective de maintenir un ancrage local » et ainsi maintenir un « accueil physique direct et de proximité ». La principale préoccupation de Jean-François Debat concerne "les personnes aux ressources limitées, voire très limitées […] qui n'ont pas accès aux technologies numériques et ont donc besoin d'être en contact étroit pour faciliter leur accès aux soins".
"Votre industrie n'est pas en crise"
L'édile estime que la situation que traverse Aésio est "la conséquence d'une stratégie d'intégration par croissance externe qui nécessite des investissements importants". Dans le même temps l'organisme complémentaire - qui "a reçu 39,4 milliards d'euros de dons, soit une augmentation de 3%" - a rempli ses responsabilités. Jean-François Debat précise : « Votre secteur d'activité n'est pas en crise, ni en baisse de croissance. » Accepter les programmes sociaux que vous souhaitez mettre en place n'est donc pas une fatalité. Les gens d'Aésio ne peuvent pas se résoudre à le faire, mais je les soutiens. "
Enfin, le 14 juin, Gil Avéroux, président de l'Association des villes de France et maire de Châteauroux (LR), a appelé Patrick Brothier, président d'Aésio, et a demandé à recevoir une délégation de maires afin « d'échanger sur le plan de restructuration.
"Tout à fait prêt à parler aux élus"
Dans un entretien, Aésio s'est dit "pleinement ouvert au dialogue avec les élus, car notre idée est de continuer à servir au mieux les adhérents tout en maintenant le maillage territorial", notant qu'actuellement "le nombre de sites administratifs doit être réduit de 44 à 12, et le nombre d'institutions est passé de 267 à 238". La mutuelle a indiqué à l'Argus que ses salariés bénéficient d'un système de "télétravail renforcé" qui leur permet de travailler sur place deux à quatre jours par mois. Une compensation financière liée aux frais de déplacement est également sur la table. Selon nos informations, plusieurs rencontres avec des élus politiques sont prévues dans les prochains jours.