Le gouvernement vient de repousser jusqu'en 2025 l'entrée en vigueur des réformes de la sécurité sociale complémentaire des fonctionnaires. Serge Brichet, président du Service public de la mutualité (MFP), prévient que si les cadres s'obstinent à séparer santé et prévoyance, les mères porteuses finiront par être mal protégées.

Que pensez-vous du retard d'un an dans la réforme de la CFP ?

Serge Brichet : Avec un certain agacement : à partir du moment où le gouvernement a voulu scinder le dossier entre santé, prévoyance et prévention, la décision était quasiment inéluctable. Il a commis d'emblée une erreur d'analyse en ne comprenant pas le caractère global de la protection sociale complémentaire des fonctionnaires. Si nous ne voulons pas que les droits soient annulés, nous devons les traiter tous en même temps.

Qu'est-ce qu'un plan d'exécution ?

S.B. La DGAFP [Direction générale de l'administration de la fonction publique : NDLR] a déclaré qu'elle s'attacherait à faire la lumière sur la santé et la prévoyance. Mais les avantages de la mutualisation nécessitent un véritable couplage des risques, et non une simple articulation. À défaut, nous sapons les mécanismes de solidarité et nous exposons à l'infiltration des fonctionnaires dans l'assurance CPF. Je le répète, sans le traitement global, les protections des fonctionnaires seraient bien moindres et nous aurions raté l'affaire. Si l'on prend l'exemple de l'agence du ministère des Finances et de l'Économie, les réformes des PSC envisagées par le gouvernement n'incluent pas la protection des soins de longue durée qu'elles couvrent aujourd'hui (et pour des décennies).

Que pouvez-vous attendre des négociations de retraite ?

S.B. MFP prône une retraite obligatoire cofinancée par l'employeur. Il est pour le moins paradoxal que la réforme le prescrive aux fonctionnaires d'arrondissement plutôt qu'aux fonctionnaires nationaux ou hospitaliers. Les délais sont serrés et le groupe de travail doit traiter rapidement des retraites pour augmenter la couverture légale, comme le souhaite clairement le ministère des Services publics, et des garanties supplémentaires. Il n'est pas normal que des fonctionnaires meurent aujourd'hui pour cause de maladie et d'invalidité, même si le report de l'âge légal de la retraite entraînera une augmentation de la sinistralité.

Les autorités publiques ont-elles les moyens de fournir un tel cofinancement aux agents de l'État en cas d'urgence ?

S.B. a en fait un principe réaliste selon lequel nous voulons au moins que chaque ministère - et chaque autorité locale et chaque hôpital - soumissionne pour une couverture complète des actifs de santé, de protection sociale et de prévention. Amélie de Montchalin veut une ANI secteur public, mais elle ne mesure pas la réalité de la protection sociale complémentaire dans la fonction publique, où elle est bien couverte par la mutuelle professionnelle des agents.

Votre discours n'était-il pas principalement axé sur la défense du statu quo de l'entraide entre fonctionnaires ?

S.B. Je n'écarte pas cette explication, nous sommes souvent victimes d'épreuves malheureuses. Mais les fonctionnaires ne s'excusent pas d'avoir couvert les fonctionnaires de manière complète et efficace au fil des ans. Si les concurrents peuvent répondre à des offres offrant une couverture complète, tant mieux. Les intérêts de l'agent sont primordiaux. Nous tapons sur cette réforme depuis son lancement, et j'espère que ce délai supplémentaire fera entendre notre voix.